Il fait nuit, une nuit effroyablement sombre, il n'y a plus personne autour de moi, enfin je crois, j'espère, je suis gelée, par le temps et par la vie, j'ai peur, horriblement peur, l'obscurité m'a toujours tétanisée, les gens aussi, je sens mon coeur glacer de l'intérieur, c'est la fin d'une existence désastreuse, d'une âme anéantie, d'un être détruit, la fin d'un insupportable cauchemar, au fond je suis entièrement heureuse, j'en oublierais presque la douleur qui me remplie, les mots ne me viennent plus, je repense à toutes ces claques que je me suis prises tout au long de ma vie, à ces larmes arrachées, à ce mal continuel, aux brutales déceptions qui ont fait disparaître l'espoir et la confiance à tout jamais, enfin tout est finit, je gèle sur place, je sens la mort arrivée peu à peu, je suis excessivement préssée, j'appréhende de découvrir le ciel que je me suis imaginée, les larmes qui coulent sur mon visage ne sont plus que de joie, celles que je n'avais jamais ressentie au fil des années et que j'attendais secrètement, je suis arrivée au bout du long voyage, je vois la terre disparaître lentement, mon corps n'est plus, mon coeur ne bat plus, je glisse mon dernier aurevoir, mes dernières pensées se dirigent vers ma famille, celle qui a toujours voulu faire de son mieux mais qui s'est en fait trompée depuis le début, je n'étais pas la fille qu'ils attendaient, j'aurais tout fait pour la devenir, mais ce souhait n'est resté que superficiel, les épreuves de la vie ont dessiné une jeune fille en verre, morte à l'intérieur depuis longtemps, j'essayais de rester présentable aux yeux des autres, d'être souriante, énergique et pleine de projets, ils sont tous tombés à l'eau aussi vite qu'ils se sont crées, les gens avaient beau parler, ma vie était bien celle que je leur présentais, c'est à dire littéralement laborieuse et leurs jugements ne fesaient que la rendre encore plus ce qu'elle était ~ ~ en ce qui me concerne, Monsieur le destin n'aura été finalement qu'un imposteur du malheur, ne me dites pas que j'étais promise dès ma naissance à cette fin dans le noir, à tous ces coups de coûteau, finalement tout ceci ne compte même plus, je ferme les yeux, non pas que je veuille me concentrer, mais me voir transporter tout là-haut me ferait du mal, je me souviens alors des moqueries, des heures de solitude passées ça et là, des " je t'aime " criés dans le vide, de la croyance qui s'est vite estompéé, de mes nombreuses prières afin de mourir, même jeune cette idée m'accompagnait déjà, je crois avoir toujours été un fantôme au fond, celui que l'on ne comprenait pas, celui que l'on jugeait, celui que l'on détestait, celui que l'on rejettait, ma vie n'a été que morceaux de bonheur disperçés au quatre coin du temps, je me libère finalement, je quitte ce monde, mon monde, la détresse, le malheur, ma vie, et je me sens voler, je vole, je vole pour l'éternité, on m'a libéré...
: Bulledetendresse :